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Conflit armé et éruptions volcaniques à Goma, RDC : la pertinence des standards humanitaires

Jonas Habimana est le directeur exécutif du Bureau d’Informations, Formations, Échanges et Recherches pour le Développement (BIFERD), un point focal de Sphère en République démocratique du Congo (RDC), et un membre du Comité directeur de Sphère.

Suite à une violente éruption du mont Nyiragongo le 22 mai 2021, Jonas et sa famille ont compté parmi les très nombreuses personnes évacuées de Goma, alors que les coulées de lave approchaient de la ville. Plus de 3 500 maisons ont été détruites par les effusions de lave, et quelque 400 000 personnes ont dû être déplacées.

« Les standards et principes humanitaires méritent davantage de promotion et de mise en œuvre en RDC », commente Habimana. « Nous avons ainsi identifié plusieurs domaines qui bénéficieront d’une approche basée sur les principes, comme la coordination. »

 

« L’État est responsable de la réponse suite à une telle catastrophe, mais il a besoin du soutien du système humanitaire. En adoptant plus largement les standards de Sphère, l’État sera mieux à même de se coordonner avec les acteurs humanitaires des différents clusters, tels que WASH, l’éducation, la santé, la protection, la sécurité alimentaire et les abris. »

Certaines des personnes fuyant Goma sont arrivées dans les villes de Sake, Minova et Rutshuru, qui hébergent ainsi temporairement près de 165 000 personnes déplacées internes (PDI)[1]. Des représentants de l’État et des politiciens ont fait distribuer des articles alimentaires et non alimentaires dans ces centres d’hébergement. Des acteurs et actrices d’organisations humanitaires et des Nations Unies (ONU) ont pris part aux efforts de distribution de l’aide.

« Nous avons besoin de mieux travailler avec l’armée et les représentants de l’État [voir la page 21 du manuel Sphère] » continue Habimana. « Les difficultés ont été nombreuses lors de la distribution d’aide dans ces lieux. L’assistance humanitaire fournie en cascade ne s’est pas toujours appuyée sur des évaluations des besoins, des capacités et des vulnérabilités. Des cas de détournement de l’aide ont été signalés, qui ont donné lieu à des arrestations et au boycott de l’assistance, car elle ne répondait pas aux besoins. Tout ceci a créé une frustration. »

Le contexte sécuritaire est complexe dans l’est de la RDC. Le quotidien Libération rapportait en mai 2021 qu’un camp d’hébergement de PDI dans la province d’Ituri avait été la cible d’hommes armés, causant de nombreux décès[2].

« Ceci pose la question de la sécurité des sites de PDI, qui est de la responsabilité de l’État, des agences humanitaires et de l’ONU. Plusieurs théories circulent sur la raison de ces attaques en Ituri, dont le fait que la distribution d’aide aurait suscité des sentiments d’injustice. »

 

« Dans ce contexte, l’ensemble des acteurs doit constamment veiller à ne pas nuire par leurs actions, même si celles-ci sont bien intentionnées [voir le paragraphe 9 de la Charte humanitaire].”

La philosophie de Sphère englobe notamment la bonne coordination (voir l’Engagement 6 de la Norme humanitaire fondamentale), l’implication des acteur-trice-s locaux et locales (voir l’Engagement 3) et l’implication des populations affectées dans les décisions concernant leur relèvement (voir le paragraphe 2 de la Charte humanitaire).

« La plus récente éruption du Nyiragongo n’était pas la première du volcan. Il y a déjà eu deux grandes éruptions volcaniques dont nous avons le souvenir, en 1977 et en 2002. Les dangers et les risques sont donc connus, mais il semble que les leçons n’aient pas été retenues, ou pas transmises. »

 

« La formation du personnel local, qu’il s’agisse des humanitaires ou des fonctionnaires de l’État, sur les standards Sphère permettra d’améliorer la qualité de l’assistance, qui sera ainsi également plus redevable. Les résultats seront plus favorables pour les personnes affectées. »

L’édition 2018 du manuel Sphère est en cours de traduction dans les quatre langues nationales de la RDC : le kituba (kikongo), le lingala, le swahili et le tshiluba. Ces versions seront disponibles au format imprimé, en PDF, en manuel interactif et sur l’appli du HSP dès l’automne 2021.


[1] https://fr.wfp.org/communiques-de-presse/le-pam-fournit-de-la-nourriture-des-milliers-de-personnes-deplacees-de-goma

[2] https://www.liberation.fr/international/afrique/au-moins-50-morts-dans-un-massacre-en-rdc-20210531_EPBUIE3ADZESNC2XIUYA6RCUOY/