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Aborder la question du déséquilibre des pouvoirs au sein du secteur humanitaire

Crédits: Lynette Nyman/IFRC

 

Comment les standards humanitaires peuvent-ils soutenir l’autonomisation d’acteurs et actrices localement, et notamment les populations touchées ? Parce que la localisation est désormais au premier plan des discussions et que l’édition 2018 du manuel Sphère a mis l’accent sur l’utilisation des standards en fonction du contexte local, cette question a été débattue par un groupe de 20 expert·e·s.

Les initiatives relatives aux standards humanitaires décrivent leur travail comme étant, par nature, centré sur les populations. Correctement mis en œuvre, les standards [1] aident les populations et communautés affectées à être impliquées de manière significative dans les décisions concernant leur propre relèvement. Ceci signifie généralement qu’elles sont consultées lors des différentes étapes d’un programme, et que des mécanismes de dépôt de plainte doivent être en place.

Mais pouvons-nous aller plus loin ? Comment les organisations humanitaires peuvent-elles utiliser des standards comme ceux de Sphère pour résoudre la répartition fondamentalement inégale du pouvoir lors d’interventions suite à des crises, en allant au-delà des consultations et des mécanismes de rétroactions disponibles pour les populations touchées ? Et dans quelle mesure les initiatives relatives aux standards peuvent-elles promouvoir les standards en tant qu’outils d’autonomisation directe des communautés affectées, en leur fournissant une justification légale, morale et pratique de réclamer certains droits ? La discussion entre les 20 expert·e·s humanitaires qui s’est déroulée en octobre 2018 a fourni à Sphère les éléments nécessaires au lancement de la réflexion pour la diffusion de du manuel en 2019, et à l’élaboration d’outils pour une gamme étendue d’utilisateurs et utilisatrices actuel·le·s et potentiel·le·s du manuel – dont les populations touchées elles-mêmes.

L’une des principales conclusions a été la nécessaire reconnaissance de la complexité d’allier une approche basée sur les droits et la contextualisation. Le terme même de contextualisation veut parfois dire des choses différentes, et implique des niveaux inégaux d’implication internationale, mais quoi qu’il en soit, il a trait au fait de travailler dans, et de soutenir des contextes sociaux et politiques complexes ayant différentes interprétations des droits. Il peut ainsi ne pas toujours être possible de transférer directement le langage sur les droits dans certains contextes politiques et sociaux ne partageant pas ces mêmes concepts. L’intervention auprès des Rohingyas au Bangladesh a été prise comme exemple au cours de la discussion.

En l’absence d’un dialogue direct basé sur les droits avec les populations affectées, ou de l’appropriation directe du langage basé sur les droits par les communautés touchées elles-mêmes, les standards ne peuvent cependant fournir une approche objective à l’identification des besoins. Ils contribuent, de ce fait, de manière significative à l’inclusion de tous les groupes de population, en fonction de leurs besoins. Ce sont ces droits que les populations ont le droit de voir abordés.

Sphère et ses standards associés traduisent les droits et les processus reposant sur des droits en actions pratiques, propres à chacun des différents secteurs techniques. Le mélange unique des chapitres de base (la Charte humanitaire, les principes de protection et la Norme humanitaire fondamentale) et de l’orientation technique inscrit les initiatives qui s’appuient sur les standards en bonne position pour offrir une approche de soutien et de bon sens à une action humanitaire basée sur des principes et des pratiques reconnues. C’est en ce sens que les standards peuvent réellement contribuer à dépolitiser les interventions, identifier et répondre aux besoins et donner pleinement sens aux concepts de redevabilité et de participation.

Les expert·e·s se sont accordé·e·s pour dire que les ONGI devraient faire preuve d’une certaine humilité lors de leur travail avec et pour les populations affectées, et reconnaître qu’elles ne saisissent pas complètement les contextes dans lesquels elles travaillent. Le groupe s’est cependant retenu de suggérer que les standards pouvaient fournir des outils et des moyens aux populations affectées leur permettant de se saisir d’elles-mêmes des opérations de secours et de relèvement. Prenant ces informations en compte, et remerciant le groupe d’expert·e·s pour ses contributions, Sphère intègrera les conclusions de ces discussions dans une stratégie d’engagement communautaire visant à autonomiser les détenteurs et détentrices de droits au-delà de la simple fourniture d’information aux acteurs et actrices humanitaires.

 


[1] Sphère et ses standards associés – le Partenariat pour les standards humanitaires (HSP) – couvrent 11 secteurs et thèmes connexes, que sont l’approvisionnement en eau, l’assainissement et la promotion de l’hygiène/WASH, la nutrition, la sécurité alimentaire, les abris, la santé (Sphère), la protection de l’enfance (CPMS), le relèvement économique (MERS), l’éducation (INEE), l’élevage (LEGS), l’analyse de marchés (CaLP) et l’inclusion de personnes âgées et personnes porteuses de handicap (ADCAP).