Le principal axe de travail de l’organisation sera d’apporter son soutien aux professionnel-le-s en leur permettant de renforcer leurs connaissances et compétences, de s’engager aux côtés d’autres organisations innovantes dans les domaines de la qualité et de la redevabilité et d’aider les membres de la communauté à se rencontrer directement autour de défis communs en lien avec la qualité et la redevabilité. Photo : Des réfugiées soudanaises du Darfour jouent au ballon pendant un cours de sport dans le camp de Djabal, dans l’est du Tchad. © F. Noy / UNHCR
À cette occasion, les membres du conseil d’administration ont examiné le déroulement de la révision des standards Sphère en cours et noté que la consultation la plus inclusive de l’histoire du manuel progressait de manière remarquable. Les nouvelles approches ayant permis de recueillir différentes expériences, opinions et rétroactions à l’échelle mondiale ont ainsi été saluées par le conseil d’administration.
La publication de la deuxième ébauche des standards révisés, prévue début octobre, sera un moment décisif pour la validation des suggestions de modifications et contribuera, en outre, à apporter de nouvelles données factuelles et à partager les avis et commentaires des professionnel-le-s concerné-e-s afin que le texte soit finalisé plus tard dans l’année.
Un événement public avait été organisé en amont de la réunion du conseil d’administration pour débattre du rôle des programmes de transfert d’espèces dans le cadre des interventions humanitaires.
La discussion d’expert-e-s, menée par Caritas Belgique et coordonnée par Magali Mourlon du réseau d’ONG VOICE, a abordé l’équilibre entre les transferts d’espèces et autres modalités d’aide, le niveau adéquat de programmes basés sur les transferts d’espèces et leur impact sur le rôle des professionnel-le-s humanitaires, ainsi que la fracture entre les mondes de l’humanitaire et du développement.
Le prochain manuel Sphère mentionnera les programmes de transferts d’espèces dans l’ensemble de ses chapitres, alors qu’ils n’étaient présents qu’en relation avec la sécurité alimentaire dans l’édition de 2011. L’aide en nature, la prestation de services, l’assistance technique et les transferts d’espèces à usage multiple peuvent tous êtres envisagés, le défi étant de trouver la combinaison d’options qui réponde aux besoins propres à chaque contexte.
« Concrètement, cela signifie que les standards Sphère feront référence aux programmes de transferts d’espèces dans l’ensemble des chapitres techniques du manuel, en insistant fortement sur l’analyse de marché en tant qu’élément essentiel des processus d’évaluation. Nous devons cependant également mentionner les domaines spécifiques dans lesquels les espèces peuvent avoir une portée limitée, tels que les secteurs publics, et certains aspects de la santé publique », a expliqué Christine Knudsen, directrice exécutive de Sphère.
« Le recours aux espèces a fortement augmenté ces dernières années, pour représenter 7 % de la prestation d’assistance, en 2017, dans les secteurs de la sécurité alimentaire mais pas uniquement : l’efficacité et l’efficience des interventions correctement élaborées basées sur les transferts monétaires sont, en effet, de plus en plus avérées », a déclaré Isabelle Pelly du Cash Learning Partnership. Mme Pelly est la responsable technique de la révision du manuel Sphère sur ce sujet.
Matthew Keyes, expert alimentaire à la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO), a suggéré que les programmes de transferts d’espèces devraient représenter jusqu’à 35 % du budget d’aide d’ECHO en 2017.
Silke Pietzsch, d’Action contre la Faim États-Unis, a remis en question l’idée que les espèces ne soient pas adaptées à certains secteurs. Des données factuelles issues de programmes de nutrition présentées par Mme Pietzsch suggèrent ainsi que la capacité des familles à faire leurs propres choix permettent de limiter les retards de croissance sur la durée.
Mit Philips, de Médecins Sans Frontières, plaidait pour des engagements à fournir les services de soins de santé essentiels, quelle que soit l’augmentation de ressources dédiées aux programmes basés sur les transferts d’espèces.
Mme Knudsen a mis en garde contre les risques à appeler à une augmentation radicale du recours aux espèces en tant que solution à tous les maux, et félicité les expert-e-s pour leurs discussions plus nuancées à ce propos. « Sphère s’efforcera de traduire ces différents défis dans ses standards révisés », a-t-elle ajouté.
Les membres du conseil d’administration ont été informé-e-s du travail réalisé par le biais du Partenariat pour les standards humanitaires, qui élabore à l’heure actuelle la première application relative aux standards humanitaires pour smartphones et tablettes. L’appli sera disponible dès le mois de septembre.
Le conseil d’administration tout entier a accueilli l’initiative de demande d’adhésion de l’ADCAP (programme de Renforcement des capacités en matière d’âge et de handicap) au Partenariat pour les standards humanitaires. L’ADCAP est l’auteur des Normes minimales d’inclusion de l’âge et du handicap dans l’action humanitaire.
Bien que les deux groupes démographiques ciblés par les normes de l’ADCAP fassent également l’objet d’une attention particulière dans tous les chapitres des standards de Sphère, le conseil d’administration a reconnu que le travail de l’ADCAP propose une orientation plus poussée dans ce domaine, qui se révèle essentielle pour une intervention de qualité et de principe. L’ADCAP et Sphère sont ainsi complémentaires.
Le conseil d’administration a également reçu un rapport suite à la première réunion du comité directeur de la Norme humanitaire fondamentale (CHS). Ce comité directeur est composé de Sphère, du Groupe URD et de l’Alliance CHS, ainsi que de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, d’un-e représentant-e des Nations Unies et de Community World Service Asia.
Cette première réunion du comité directeur de la CHS a permis aux parties prenantes de clarifier le rôle de gouvernance de l’organe et les attentes relatives à ce dernier. La deuxième réunion sera accueillie par Sphère, à Genève, en octobre prochain. Elle permettra de consolider une approche à la fois inclusive et complémentaire, en vue de renforcer l’adoption de la CHS à l’échelle mondiale.
Le conseil d’administration a discuté des modalités d’alignement de la stratégie et de la marque de Sphère sur son nouveau statut institutionnel. Cette réflexion s’est inscrite dans la vision plus globale de la contribution de Sphère au secteur et auprès des professionnel-le-s et des organisations humanitaires.
Sphère peut désormais délaisser son statut de projet axé sur un produit, le manuel, et se concentrer sur son rôle fédérateur autour de la définition de standards humanitaires minimums, y compris des modalités d’application de ces mêmes standards en fonction des divers contextes.
Le principal axe de travail de l’organisation sera d’apporter son soutien aux professionnel-le-s en leur permettant de renforcer leurs connaissances et compétences, de s’engager aux côtés d’autres organisations innovantes dans les domaines de la qualité et de la redevabilité et d’aider les membres de la communauté à se rencontrer directement autour de défis communs en lien avec la qualité et la redevabilité.
Les membres du conseil d’administration se sont également penché-e-s sur la nouvelle gouvernance de l’organisation. Sphère est désormais dirigée par une assemblée générale, un conseil d’administration et un secrétariat dirigé par un-e directeur-trice exécutif-ve. Le conseil d’administration remplace actuellement l’assemblée générale, par interim, dans l’attente de la première assemblée ordinaire prévue en mai 2018.
Plusieurs modèles d’adhésion, aux divers niveaux d’engagement et de représentativité, sont actuellement à l’étude. Le nouveau règlement de Sphère, que l’assemblée générale devra approuver, définira la marche à suivre pour y adhérer.
Suite à une précédente discussion relative au statut de membre, un riche échange a eu lieu autour des concepts de connexion, d’appartenance et d’adhésion à Sphère, ainsi qu’autour de l’équilibre entre le rôle de Sphère en tant que détenteur de standards techniques de qualité, et en tant que premier promoteur de la redevabilité et d’une approche basée sur les droits.
En s’appuyant fermement sur la Charte humanitaire, Sphère devra très clairement présenter les différents rôles qu’elle endossera, en fonction des professionnel-le-s, établissant une distinction évidente entre celles et ceux qui adhèrent aux valeurs de Sphère et les autres qui travaillent avec des humanitaires et pourraient être plus intéressé-e-s par l’expertise technique de l’ONG.
Les membres du conseil d’administration ont reconnu avec satisfaction la diversité croissante au sein de la base de bailleurs de fonds de Sphère, ainsi que l’engagement à long terme dont ces derniers font preuve par le biais des subventions pluriannuelles accordées à l’organisation.