![]() |
![]() |
![]() |
---|
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, Caritas Moldavie apporte une aide humanitaire indispensable aux populations déplacées. En tant que point focal de Sphère, l’organisation s’efforce de garantir que cette aide soit conforme aux standards universels. Sphère s’est entretenue avec Diana Antir de Caritas Moldavie (CM) pour en savoir plus sur le parcours de l’organisation et les effets de la mise en œuvre des standards Sphère.
Q : Caritas Moldavie est devenue point focal de Sphère en 2022. Comment votre approche du travail humanitaire a-t-elle évolué depuis ?
CM : Le fait de devenir point focal de Sphère nous a permis d’apprendre à fournir une aide de manière efficace et d’approfondir notre compréhension de ce qu’est une aide humanitaire digne. Nous avons intégré les standards Sphère dans tous les aspects de notre travail, des abris au WASH, en passant par la santé mentale et les services de protection. Nous nous concentrons à la fois sur la satisfaction des besoins immédiats des populations déplacées et sur la garantie d’un soutien leur permettant de vivre dans la dignité.
Q : Comment Caritas Moldavie a-t-elle veillé à fournir un espace de vie à la fois sûr et digne aux personnes réfugiées ?
CM : Nous avons suivi à la lettre les standards Sphère sur les abris lors de la mise en place d’hébergements pour les populations réfugiées. Pendant la transformation d’une maison paroissiale en abri, par exemple, nous avons organisé les espaces de vie en priorisant la vie privée, la sûreté et le confort (⇒ Standard 3 sur les abris et l’habitat : Espace de vie, actions clés). Nous avons veillé à mettre en place des zones sûres dans lesquelles les familles peuvent réaliser leurs activités ménagères dans la dignité dans ce nouvel environnement.
Q : Quelles solutions à long terme mettez-vous en place pour les familles déplacées ?
CM : Nous souhaitons parvenir à des solutions durables, qui vont au-delà du secours immédiat. Nous avons créé des classes en ligne pour la poursuite des études des enfants, et ouvert une maternelle avec du personnel ukrainophone. Nous proposons également des cours de roumain, afin d’aider les enfants et les adultes à s’intégrer dans la société moldave. En outre, nous élaborons un programme de renforcement des capacités à l’attention des enseignant-es et des écoles qui accueillent des enfants d’Ukraine.
Q : Comment Caritas Moldavie répond-elle aux besoins de santé mentale de la communauté réfugiée ?
CM : La santé mentale est un élément essentiel de notre intervention. Nous proposons des sessions de thérapie individuelle et en groupe, à la fois pour les résident-e-s et pour notre personnel dans les hébergements. Ces sessions ont aidé les personnes à gérer le traumatisme du déplacement et à entamer un processus de soin. Cette démarche s’aligne sur les standards de Sphère en matière de santé mentale et de soutien psychosocial, afin de répondre à la fois aux besoins physiques et psychologiques (⇒ Standard 2.5 sur la santé mentale, actions clés).
Q : Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la mise en œuvre des standards Sphère, et comment les avez-vous résolues ?
CM : L’une des difficultés au début de notre intervention d’urgence pour l’Ukraine a été d’assurer une aide à la fois rapide et efficace pour les personnes, et qui réponde tant à leurs besoins qu’à leurs priorités. Nous avons déployé d’importants efforts pour nous assurer que les personnes touchées par la guerre connaissent leurs droits, aient accès à l’information et à l’aide, participent aux décisions qui les concernent et soient suffisamment à l’aise pour nous faire des retours d’information (⇒ Engagement 5 de la Norme humanitaire fondamentale). En outre, nous avons rencontré des difficultés en matière de protection des groupes vulnérables, tels que les personnes vivant avec un handicap ou ayant des besoins médicaux précis. En consultant systématiquement les personnes et en évaluant leurs vulnérabilités spécifiques, nous avons pu adapter nos services de manière adéquate.
Q : Avez-vous collaboré avec les autorités locales ou les prestataires de services sur place ?
CM : En collaborant avec les prestataires de services existants, tels que le ministère de la Protection sociale et du Travail, les Agences territoriales d’aide sociale et autres organisations de la société civile, nous avons été en mesure d’identifier et d’atteindre les personnes déplacées les plus vulnérables, en particulier celles issues de communautés rurales ou éloignées, afin de soutenir leurs moyens d’existence et de protéger les entreprises locales. Notre analyse de marché a joué un rôle déterminant dans l’identification des manières les plus efficaces de satisfaire les besoins des personnes touchées par le conflit, que ce soit par une aide en nature, une assistance monétaire ou la prestation de services (⇒ Fournir l’aide par le biais des marchés).
Q : Comment les standards Sphère ont-ils influencé la communauté humanitaire en Moldavie ?
CM : Les standards Sphère étaient peu connus en Moldavie avant 2022, sans doute car nous n’avions jamais connu d’urgence de cette ampleur auparavant. Avoir accès au manuel Sphère en roumain et à des formations sur les standards Sphère, animées par Caritas Moldavie, a permis à la communauté humanitaire d’acquérir les connaissances, les compétences, les comportements et les attitudes nécessaires à la gestion et la réalisation de leur travail avec des gages de qualité et de redevabilité.
Q : Quelles sont les prochaines étapes pour Caritas Moldavie ?
CM : Notre engagement à promouvoir les standards Sphère à l’échelle nationale demeure entier. En 2024, nous avons traduit des supports essentiels, tels que les cartes d’activité sur le manuel Sphère, plusieurs vidéos et la Norme humanitaire fondamentale (CHS 2024) en roumain, pour qu’ils soient plus accessibles aux parties prenantes publiques et privées. Notre objectif est de nous assurer que ces standards orientent les efforts humanitaires dans l’ensemble de la Moldavie. De nouvelles formations sont déjà prévues !