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Former au manuel Sphère : le parcours de quatre nouveaux formateurs au Burkina Faso

Participants et participantes à la Formation des formateurs organisée au Burkina Faso. Photo : Illiassou Adamou

 

Chaque année, un groupe engagé de quelque 120 formateurs Sphère de 50 pays est chargé de déployer la connaissance des standards Sphère parmi des professionnel-le-s sur le terrain, des responsables des politiques et des représentant-e-s du gouvernement dans le monde entier. Leur tâche consiste à convaincre de l’importance d’assurer la vie dans la dignité et la redevabilité dans le cadre de l’action humanitaire. Leurs rangs seront plus fournis, cette année, grâce à la récente validation du programme de Formation des formateurs Sphère au Burkina Faso par un tout nouveau groupe d’éducateurs et éducatrices. La Formation a été co-organisé par Sphère, la CHS Alliance, le Groupe URD et le H2HNetwork.

Ce groupe de neuf personnes, issues d’agences humanitaires locales et internationales et dotées d’expériences très diverses, a été sélectionné parmi des centaines de cadres qui avaient participé à une série d’ateliers Sphère plus tôt dans l’année, au Burkina Faso et au Niger. Invité-e-s à compléter leur formation, ces professionnel-le-s ont participé à un cours dédié de quatre jours pendant l’été. Après avoir animé leurs propres ateliers Sphère pour la toute première fois en septembre, ils et elles sont désormais prêt-e-s à diffuser des informations relatives à la qualité et la redevabilité dans l’action humanitaire, et promouvoir les standards Sphère dans leur pays.

Sphère s’est entretenue avec quatre des participant-e-s à cette formation, pour découvrir ce que signifie, à leurs yeux, de devenir formateur Sphère.


 

Qu’est-ce qui vous a convaincu de suivre une formation Sphère ?

Boureima Lionel Ouedraogo : J’ai eu l’opportunité de suivre une formation diplômante sur la coopération internationale et l’aide humanitaire en 2010, au cours de laquelle les normes et standards humanitaires du manuel Sphère version 2008 ont été abordés. Par ailleurs, dans mon travail quotidien, et surtout avec la récente crise humanitaire que connaît le Burkina Faso, une première de cette ampleur, j’ai au fond de moi-même ressenti le désir et la nécessité de renforcer mes connaissances sur le manuel Sphère, surtout en sa nouvelle édition 2018. 

Kadi Anabebou : Mon mari travaille dans une ONG internationale au Burkina. Quelque temps après sa prise de service, il m’a parlé d’un gros document qu’on lui avait donné, disant qu’on ne peut pas faire un bon travail humanitaire sans se référer audit document du nom de Sphère. J’avoue que ce jour-là, je l’ai écouté avec assez peu d’intérêt. Parce que je me disais que si je n’en ai jamais entendu parler, moi qui ai plus de quatre ans d’expérience dans le domaine humanitaire au ministère, c’est que le manuel devait relever de la pure théorie. Quelques mois plus tard, il revient me dire qu’il a postulé pour une formation qui aura lieu dans deux semaines, sur le manuel Sphère dont il me parlait, et il m’encourage aussi à postuler. Je n’étais toujours pas convaincue, mais j’ai fini par postuler. L’ironie du sort veut que j’aie été sélectionnée, et pas mon mari (qui était néanmoins content pour moi, et m’encourageait à y aller). J’ai donc commencé à télécharger le manuel numérique sur Google et à faire toutes les recherches qui me venaient en tête sur Sphère. J’étais finalement plus motivée que jamais à l’idée de participer à la formation.

 

Sous quelle forme l’atelier était-il organisé ?

Kadi Anabebou : Le premier atelier du programme Sphère a eu lieu en janvier 2020. L’ambiance était bonne, mais dans le même temps il y avait un contenu conséquent à appréhender. Du décor jusqu’aux présentations, du début à la fin de l’atelier, je n’ai jamais participé à un atelier aussi sérieux. À l’issue du programme de la première journée, j’ai dit à mon mari que rater cette formation aurait été l’une des grosses erreurs de ma vie.

 W. Carine Michelle Kabore/Zoubga : Les futurs formateurs ont été identifiés parmi les personnes participantes à la formation initiale du mois de janvier. La Formation des formateurs qui a eu lieu en août m’a permis de consolider mes connaissances sur Sphère et d’avoir des capacités nécessaires pour transférer les connaissances reçues à d’autres acteurs du milieu humanitaire.

Odette Badiel : La formation a été assurée par quatre formateurs, dont trois en présentiel et une en vidéoconférence depuis Genève. Les formateurs étaient très expérimentés, ce qui nous a permis de parcourir tout le manuel en quatre jours. J’ai aussi appris d’autres techniques d’animation que je ne connaissais pas et surtout des stratégies pour apprendre subtilement de son auditoire.

Boureima Lionel Ouedraogo : La Formation des formateurs a été organisée en trois phases. Une première phase qui a porté sur le contenu du manuel, notamment l’historique de Sphère ainsi que les quatre chapitres de base et les quatre chapitres techniques. La deuxième phase s’est plus appesantie sur les aspects préparatoires d’une formation et les techniques d’animation (« andragogie »). La dernière phase a été consacrée à l’animation de deux sessions pilotes de formation sur le manuel.

 

Parmi toutes les connaissances que vous avez acquises au cours de la formation, quel est – à votre avis – le message le plus important à retenir ?

W. Carine Michelle Kabore/Zoubga: La réussite d’une session de formation passe nécessairement par une bonne préparation. La question de la protection est fondamentale pour toute intervention humanitaire, quel que soit le secteur.

Odette Badiel : De tout ce que j’ai appris durant la formation, le plus important pour moi est la coordination des actions entre humanitaires. J’ai constaté aussi que tous les principes de Sphère étaient déjà appliqués sur le terrain, mais par moment avec des erreurs qui exposent ou qui stigmatisent les bénéficiaires. J’ai noté également que la redevabilité n’était pas forcement comprise des praticiens. Mais grâce à cette formation, j’ai su que la gestion responsable du pouvoir par le personnel humanitaire est comprise dans la définition même de la redevabilité.

 

Comment allez-vous utiliser vos nouvelles compétences de formation Sphère à l’avenir ?

Odette Badiel : Dans l’avenir, je compte appliquer à la lettre les recommandations du manuel dans mon travail. Je compte transmettre ce que j’ai appris à mes collègues, au grand bonheur des bénéficiaires.

Boureima Lionel Ouedraogo : Cette formation a permis à ma structure et à mon pays d’avoir au niveau interne un formateur Sphère. Je pourrai ainsi répliquer cette formation non seulement auprès de mes collègues et partenaires de la FAO, mais aussi de la communauté humanitaire. Au plan professionnel, les connaissances acquises me seront d’une grande utilité à toutes les étapes du cycle programmatique dans le domaine humanitaire.

Kadi Anabebou : C’est un processus qui a déjà bien commencé. Après la formation de janvier 2020, j’ai échangé avec mes collègues sur le manuel Sphère – personne n’en avait entendu parler. J’ai contacté des collègues se trouvant dans les zones concernées par les sessions de formation de septembre pour qu’ils puissent postuler et en bénéficier. Aussi j’envisageais de profiter de nos sorties terrain pour échanger par rapport au manuel Sphère et inviter les travailleurs sociaux à en prendre connaissance, mais l’arrivée de la COVID-19 a empêché l’activité de voir le jour. En octobre, j’ai convié des membres du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) du Burkina Faso à participer à la dernière journée du programme de formation, une « journée d’information » sur le manuel Sphère. J’espère organiser d’autres activités avec eux à l’avenir.

 

Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez dire à d’autres professionnels de l’humanitaire qui envisagent également de participer à une formation de Sphère ?

 W. Carine Michelle Kabore/Zoubga : Renforcer ses connaissances sur Sphère est plus qu’une nécessité pour mieux remplir ses missions dans le domaine humanitaire !

Boureima Lionel Ouedraogo : Pour moi, le manuel Sphère constitue le « mémento » de l’acteur humanitaire. Par conséquent, j’appelle de tous mes vœux les acteurs humanitaires, notamment ceux qui ont des capacités andragogiques, à participer à une formation. C’est de cette manière que le manuel pourra être diffusé le plus largement possible.


Mme Kadi Anabebou est fonctionnaire du gouvernement burkinabè, en poste à la Direction générale des études et des statistiques sectorielles, ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire.

Mme Odette Badiel est actuellement employée par le Conseil danois pour les réfugiés. Sociologue de formation, elle apporte un soutien d’urgence aux personnes déplacées internes au Burkina pour leur réinsertion.

W.Carine Michelle Kabore/Zoubga est spécialiste en gestion de projet. Précédemment responsable de protection et appui psychosocial au sein de la société de la Croix-Rouge burkinabè, elle est actuellement chargée du développement de la programmation égalité hommes-femmes et humanitaire auprès du Centre d’Étude et de Coopération Internationale (CECI) au Canada. Elle a un intérêt particulier pour le soutien aux groupes vulnérables dans les contextes instables.

Boureima Lionel Ouedraogo est expert en transferts monétaires pour le compte de la FAO au Burkina Faso. Il est par ailleurs co-lead du Cash Working Group depuis 2014 et formateur certifié par la Cash Learning Partnerhsip (CaLP).